La
littérature en espéranto
Les traductions
Il est impossible de dresser la liste
de toutes les uvres traduites en langue internationale depuis
cent ans. Citons quand même quelques auteurs
: Alain-Fournier, Andersen,
Balzac, Baudelaire, Beaumarchais, Brecht, Camus, Cervantès, Dante,
Daudet, Dickens, Goethe, Gogol, Goldoni, Grimm, Heredia, Homère,
Hugo, Ibsen, Lagerlöf, Lu Xun, Madâch, Maupassant, Mickiewicz,
Molière, Nerval, Pagnol, Pouchkine, Prus, Racine, Sade, Saint-Exupéry,
Sartre, Schiller, Shakespeare, Tagore, Tolstoï, Tourgueniev, Vazov,
Vildrac, Virgile, Voltaire.
Ajoutons pêle-mêle : la Bible, Tintin, Le Manifeste Communiste,
le Kalevala, le Petit Livre rouge, Astérix le Gaulois, le Coran,
la Déclaration des Droits de l'Homme, l'Imitation de Jésus-Christ
A titre d'exemple,voici la célèbre
Chanson d'Automne, de Verlaine, dans le texte original et dans
la géniale traduction qu'en fit le poète hongrois Kálmán
Kalocsay (1891-1976).
Chanson
d'automne Aŭtuna
kanto
Les
sanglots longs La
velksezon'
Des
violons Per
violon'
De
l'automne Ĝemo
sona
Blessent
mon coeur Vundas
ĉel'kor
D'une
langueur Min
per langvor'
Monotone.
Monotona.
Tout
suffocant Sufoke
nun
Et
blême quand
Kaj pale dum
Sonne
l'heure, Tintoj
horaj
Je
me souviens Memoras
mi
Des
jours anciens Kaj
ploras pri
Et
je pleure. Tagoj
foraj
Et
je m'en vais Mi
vagas, jen
Au
vent mauvais Zigzagas
en
Qui
m'emporte Vento
forta
Deça,
delà, Kun
svena fal'
Pareil
à la Simile
al
Feuille
morte. Branĉo
morta.
Évidemment,
c'est un truisme que de dire qu'il vaut mieux lire une poésie
française
en français. Mais une poésie russe,
quand on ne sait pas le russe, un poème japonais lorsqu'on ignore
tout du japonais, le Cantique des cantiques quand on ne connaît
pas un mot d'hébreu ? On peut lire tout cela en français,
bien sûr (et encore, à condition que ce soit traduit).
Mais il est bien préférable de la lire en espéranto.
Car la traduction d'une uvre littéraire en espéranto
est toujours meilleure que la traduction en une langue ethnique, et
cela pour deux raisons parfaitement objectives l'une et l'autre.
a) La souplesse de l'espéranto fait qu'il rend mieux que toute
autre langue les nuances de l'original. Comparons une phrase hébraïque
de la Bible (l'hébreu biblique est remarquablement concis) avec
ses traductions en espéranto et en français. Il s'agit
du psaume 117, verset 1 :
-Hébreu : Halelü et -Adonaï kol- goyim ŝabbe huhu
kol-ha'ummim (8 mots).
-Espéranto : Gloru Dion ĉiuj popoloj (ĉiuj) , laŭdu
lin ĉiuj gentoj (trad. Zamenhof : 9 mots).
- Français : Louez l'Eternel, vous tous, ô peuples, glorifiez-le,
vous toutes, ô nations ! (trad. Z. Kahn : 13 mots).
- On voit que la phrase espéranto est plus courte que la phrase
française. Et avec des connaissances même élémentaires
d'hébreu, on voit qu'elle est bien plus proche du texte original.
- Second exemple. Le proverbe chinois composé de quatre mots
: fù fù zi zi (transcription en pin yin), que le Dictionnaire
Classique de la Langue Chinoise, de Couvreur (p 563), traduit par "
Que le père remplisse ses devoirs de père, et le fils
ses devoirs de fils " (15 mots !). En espéranto, Claude
Piron a fort biel rendu ce proverbe par patro patru, filu fil' (patro=
" père ", ; patri = " être père,
agir en père "; u = terminaison du mode volitif indiquant
un souhait ; filo ou fil' " fils "; fili " être,
agir en fils "). Quatre mots, comme dans l'original : cette traduction
colle bien plus au chinois que la longue périphrase française.
b) Une uvre française est toujours traduite en anglais
par un Anglais, en allemand par un Allemand, etc. Autrement dit, le
traducteur connaît de façon parfaite la " langue d'arrivée
"; en revanche la " langue de départ " est pour
lui une langue acquise. On pourrait écrire un recueil des erreurs
cocasses dont même un bon traducteur n'est pas à l'abri.
En voici trois petits exemples.
- " Du jambon cru " a été traduit en anglais
par "what was thought to be ham" (ce qui était
cru être du jambon).
- " L'abbé était gras, car il aimait la bonne chère
" a été traduit en anglais par "
for
he loved the dear housemaid" (la chère bonne, la chère
servante).
- " Il entra en soulevant la portière ", dans un roman
de Paul Morand , a été rendu en anglais par une phrase
signifiant " il entra en portant la concierge dans ses bras
". Le traducteur a cru que la portière était la femelle
du portier !
- En revanche, une uvre française est traduite en espéranto
par un Français, une uvre anglaise par un Anglais, etc.
autrement dit, le traducteur connaît de façon parfaite
la " langue de départ ", qui n'est pas pour lui une
langue acquise, mais sa langue maternelle. Il est donc à l'abri
de ce genre de contresens.
- La littérature originale.
- L'espéranto ne serait pas une vraie langue s'il ne possédait
pas sa littérature originale. Un excellent panorama de la littérature
originale en langue internationale se trouve dans le Que sais-je ? "
l'Espéranto ", de Pierre Janton, ancien professeur d'anglais
et d'espéranto à l'université de Clermont-Ferrand.
- Il serait cependant dommage de ne pas citer quelques noms.
- La poésie fut cultivée dès la fin du XIXème
siècle avec plusieurs poètes polonais, russes, lituaniens.
Mais c'est avec les Hongrois Kálmán
KALOCSAY et Julio BAGHY qu'elle reçut vraiment ses
lettres de noblesse. Il faut citer aussi Gaston
WARINGHIEN (France), poète et linguiste. Après
la guerre, la parution de l'épopée La Infana Raso,
de William AULD (Ecosse)
fut, dans le monde de l'espéranto, l'événement
poétique majeur des années cinquante.
- Dans le domaine du roman, l'un des premiers fut
Henri VALLIENNE (France), avec La Kastelo de Prelongo,
où l'auteur tient le lecteur en haleine avec une imagination
de feuilletoniste ; puis Julio BAGHY
(Hongrie), romancier de la guerre et des camps de prisonniers,
avec Viktimoj et Sur Sanga tero ; Sándor
SZATHMARI (Hongrie), avec Vojago en Kazohinio, où
un nouveau Gulliver découvre un pays inconnu, où un peuple
pousse le rationnel à un degré inimaginable, tandis que
l'autre est dans l'irrationnel total.
- Mentionnons encore un écrivain hongrois, Istvan
NEMERE, très connu dans son pays pour ses romans en
langue hongroise, qui a écrit également quatorze autres
romans en langue internationale.
- Plus récemment, quelques chefs-d'uvre du roman à
la fois policier et psychologique sont dus à Johán
VALANO (Suisse) et à Sergo
ELGO (France).
- Il faudrait citer également le théâtre, la poésie
érotique, les chansons. Y-a-t-il beaucoup de langues qui puissent
s'enorgueillir d'un tel palmarès après seulement un siècle
d'existence ?
Pour avoir une plus grande connaissance
du catalogue de la littérature espéranto cliquer sur le
lien:
Pourquoi l'espéranto
est si mal connu?
1-l'espéranto ne dispose d'aucun soutien politique
ou financier.
La publicité coûte évidemment beaucoup
trop cher pour que les associations d'espérantistes puissent
l'envisager sérieusement. Pour diffuser un produit, fût-il
le meilleur du monde, il faut tout d'abord être riche. C'est désespérant,
mais c'est ainsi. L'U.E.A. a un budget annuel d'environ 2 400 000 francs.
Mais l'essentiel est affecté à la gestion et aux divers
services offerts aux membres; il en reste peu pour l'information du
grand public.
Quant aux États, ne comptons pas sur eux Tout État, du
plus démocratique au plus totalitaire, cherche essentiellement
à renforcer sa puissance. Et l'un des meilleurs moyens est de
tout faire pour imposer sa langue. L'attitude des États-Unis
depuis la fin de la guerre est tout à fait révélatrice
à ce sujet.
D'ailleurs, l'espéranto a toujours été
persécuté par les régimes autoritaires. Le régime
hitlérien l'accusait d'être "la langue de la conspiration
juive et des francs-maçons", tandis que Staline le considérait
comme "la langue du cosmopolitisme bourgeois". L'espéranto
était donc interdit et pourchassé par Hitler et par Staline.
Ainsi que par Salazar et par Franco.
2- L'espéranto
fait l'objet d'une désinformation sérieuse.
Le 6 octobre 1966, était déposée
à l'ONU une pétition internationale en faveur de l'espéranto.
Elle réunissait 920 954 signatures individuelles, dont 114 signatures
de chefs d'État et membres de gouvernements. En plus, les signatures
de 3843 organisations, représentant un total de 71 millions d'adhérents
répartis dans 80 pays. Eh bien, que croyez-vous que fit l'ONU?
C'est très simple: elle ne fit rien. Si: un vin
d'honneur et un petit baratin poli. À côté de la
volonté têtue d'un quarteron de dirigeants de la planète,
les aspirations de 72 millions d'humains pèsent bien peu... Et
combien de journaux, chaînes detélévision en ont
parlé? Mais zéro, voyons. Ce n'était pas
un scoop.
Car pour la plupart des directeurs de journaux et de chaînes
de télévision, seul compte le scoop, comme ils disent
dans leur patois. Ce qui est important, c'est le chiffre du tirage pour
la presse écrite, l'Audimat pour la presse parlée.
Rien d'autre. En juin 1995, sur Arte, une émission de
Pierre Thivolet avait trait au problème des langues en Europe:
elle a consisté en une heure de bavardages stériles, avec
un détour d'un quart d'heure sur le catalan, et pas un mot
sur le problème annoncé par le titre. Pas un! mot d'ordre:
ne pas réveiller le téléspectateur.
(sujet en cours de rédaction)
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