La question semble être une gageure
de nos jours, alors que de toutes parts "on nous dit" que
la langue anglaise est la langue internationale.
Et d'abord qui est "on" ?
Sont-ce des intellectuels, des linguistes qui après des études
approfondies, appliquées, dont le sérieux ne peut être
remis en cause, ont mis en présence et comparé les différentes
solutions possibles aboutissant à cette conclusion que l'anglais
doit être la langue internationale, la langue du monde ?
Sont-ce les peuples qui démocratiquement se sont prononcés
pour cette option, après, il va sans dire, tout un débat
argumenté autour des différentes options possibles ?
Ou est-ce plutôt le sens d'une certaine
histoire, d'une certaine mode alimentée par le monde des affaires,
des politiques, de quelques élitistes de tout poil avec leurs
courroies de transmission que représentent les médias
de masse qui " poussent toujours plus vers l'anglais salvateur",
cette solution naturelle et évidente pour les naïfs, mais
qui n'est pas si innocente que cela dans les faits.
.
Voyons les choses d'un peu plus près :
Nos politiques nous promettent une Europe plus sociale, plus humaine,
plus juste, plus tout ça, tout ça....
L'Europe aujourd'hui c'est 11 langues officielles, demain 15, après-demain
33, sans compter les langues régionales.Or, nous l'avons dit,
tout se passe comme si l'Europe avait choisi la langue anglaise comme
langue véhiculaire.
Mais il vient immédiatement à l'esprit la question suivante
: Quand donc les peuples ont-ils été consultés
sur ce point ? Quand leur a t-on demandé de se prononcer (exemple:
par voie de réferendum ) sur cette question ?..
"Quelle(s) langue(s) les Européens
utiliseront-ils pour communiquer ? Faudra-t'il une langue européenne
?"
:Réponse: Jamais ! Jamais ce thème n'a été
abordé publiquement.
On feint de proposer le bilinguisme voire le plurilinguisme (pluri,
ça fait mieux que bi...)mais en réalité on ne propose
que l'anglais à l'entrée au collège.
Déjà depuis deux ans en france, les langues vivantes sont
proposées en initiation dès l'école primaire .
Par "langues vivantes" il faut comprendre neuf fois sur dix
l'anglais, le reste étant partagé entre l'allemand et
espagnol.
Quid de l'italien, du portugais, du suédois, du finlandais, du
grec etc.....?
Il n'est pas inutile de rappeler que dans la nuit du 4 août 1789,
l'Assemblée Constituante avait aboli les privilèges ;
c'est-à-dire que désormais plus aucun homme n'était
par sa naissance déclaré supérieur en droits par
rapport à d'autres
C'était le principe même de la Déclaration des Droits
de l'Homme et du Citoyen rédigée le 26 août 1789:
art 1: "Les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ;........."
repris deux siècles plus tard
par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948.
Si la langue anglaise devait devenir la langue de l'Europe, les anglophones
deviendraient, de fait, supérieurs en droits par rapport aux
autres locuteurs européens.
C'est déjà ce qui se passe actuellement en Europe.Tous
les écoliers doivent apprendre des langues étrangères
(c'est-à-dire l'anglais ), mais en pratique le degré de
motivation est bien différent dans les pays anglophones .
Les écoliers britanniques sont très peu motivés
pour apprendre les langues étrangères, de plus il
n'y sont pas obligés comme dans les autres pays. Arrivés
à l'âge adolescent ou adulte toute la communication se
faisant en anglais, ils ont donc non seulement économisé
du temps par rapport à leurs camarades étrangers, mais
en outre ils disposent d'un net avantage dans la communication.
Dans ces conditions, où est l'égalité des chances
tant prônée par nos politiques ?
Songez à toutes les heures passées par nos enfants pour
apprendre l'anglais que de toute manière
ils ne maîtriseront jamais aussi bien qu'un camarade de leur âge
anglophone de naissance.
Au contraire, ce dernier n'ayant pas consacré le même temps
à un apprentissage linguistique aura dépensé son
énergie pour progresser sans doute dans d'autres domaines, scientifiques
en particulier, bénéficiant par conséquent d'un
nouvel avantage.
Seulement 30% des élèves du Royaume Uni consacrent les
mêmes efforts que les autres Européens à l'étude
des langues étrangères.
Si vous en doutez, sachez qu'au delà de la classe de seconde,
le caractère obligatoire disparait pour les langues étrangères
.
Bien évidemment, on nous objectera qu'apprendre une langue étrangère,
c'est une ouverture d'esprit, c'est l'accès à une culture....
Oui bien sûr. Mais parle-t'on de la même chose ? N'y a-t'il
pas confusion entre la maîtrise d'une langue de culture, en l'occurrence
la langue anglaise -- qui donc est capable de lire en version originale
les grands auteurs classiques ou contemporains : Shakespeare, Byron,
Faulkner, Hemingway...? -- et la nécessité d'un outil
de communication c'est-à-dire aujourd'hui d'un pidgin d'anglais
permettant de communiquer (voyages, travail, loisirs...) mais qui ne
permet pas l'accès à la littérature anglo-américaine
qui nécessite, elle, une connaissance beaucoup plus profonde
de la langue et avoir vécu de nombreuses années en immersion
dans un milieu anglophone.
Il est un fait que cette belle langue anglaise souffre d'une telle
hégémonie. Ceux qui prétendent la promouvoir
ou même bien la parler n'en sont que les fossoyeurs, car en entretenant
cette grande confusion dans les esprits, ils contribuent à abâtardir
l'anglais en le ramenant au niveau d'un simple outil de communication,
qui lentement mais sùrement pollue les autres langues nationales,
permettant l'émergence de langages insipides (franglais, denglish,
spanglish etc... ), eux-mêmes promus par les pseudo-valeurs de
notre époque (attrait de l'argent, l'intérêt , l'utilitaire,
la recherche du pouvoir...) qui en sont les vecteurs; autant de questions,
nous le répétons, qui ne sont, hélas, jamais exposées
sur la place publique.
Pourtant, à l'aube du 3ème millénaire, l'Europe
qui avait sans doute besoin d'une monnaie commune, a aussi besoin d'une
langue transnationale, une langue-pont; d'une langue européenne.
Mais également à l'échelle de la planète,
une langue-pont semble indispensable pour favoriser les échanges
entre les 6 milliards de Terriens.
Il n'y a donc que 4solutions :
- favoriser le multi-linguisme ? Mais que pourra
faire un Russe ayant appris le tchèque, le bulgare, l'allemand
et le français quand il rencontrera un Espagnol ayant appris
le letton, le hongrois, l'anglais et l'italien ?
- laisser la situation actuelle en l'état
? C'est à dire qu'un pidgin d'anglo-américain pollue
petit à petit toutes les cultures tout en dénaturant
lui-même la langue anglaise. C'est un langage incolore, inodore
et sans saveur qui peu à peu envahit tout, bref c'est une
catastrophe culturelle qui se prépare .
- favoriser l'adoption d'une langue morte comme le
latin ? Comme cette langue est une langue morte, elle est neutre
donc elle appartient à tous. Mais le latin est hélas
bien trop difficile et en outre plus du tout adapté à
notre monde moderne.
Allez donc traduire la notice d'un magnétoscope ou traiter
du "problème de la vache folle" avec la langue
de Cicéron !
- créer ou adopter une langue construite,
planifiée, une interlangue européenne ?
Envisageons maintenant cette dernière
hypothèse:
Jusqu'à présent, plus de 500 projets de langues construites
ont vu le jour, mais une seule depuis 114 ans, la langue internationale
Espéranto, s'est développée dans le monde,
et sans faire de bruit . Malgré les persécutions de Staline,
d'Hitler mais également l'interdiction de son usage par les hommes
de Vichy, par Salazar et Franco hier , par la Corée du nord et
l'Irak aujourd'hui , malgré le mépris dont elle fait l'objet
par les responsables intellectuels, ou politiques, cette langue
vit, et est parlée tous les jours sur les 5 continents
par des hommes et des femmes de tous horizons, de tous milieux, de
toute religion et qui ont tous en commun une certaine idée des
rapports humains. Il faut avoir cela à l'esprit, lorsqu'on
parle de l'espéranto. L'histoire de cette langue et du mouvement
qui la promeut, ne peut être dissociée de son contexte
historique. L'espéranto à été pourchassé,
combattu et parfois avec un zèle extrème par les régimes
totalitaires.
Les valeurs de l'espéranto étant, on le sait bien, tout
le contraire des pseudo-valeurs véhiculées par ces régimes
où l'homme n'a pas sa place.
En ce qui concerne les démocraties, la situation est bien différente.
Que font les démocraties contre l'espéranto ? réponse
: rien. Ouf !
Mais que font-elles pour l'espéranto ? réponse: absolument
rien également.
Pire, les démocraties semblent s'abandonner à des pouvoirs
non légitimes, qui sont eux, d'essence totalitaire : le monde
de la grande finance internationale c'est à dire les grands prêtres
d'une religion plaçant le "fric" et l'intérêt
au rang d'une divinité.
L'espéranto au contraire véhicule des idées de
respect, de tolérance envers l'autre et d'amitié entre
les peuples.C'est donc une langue portant en son sein des principes
qui devront bien un jour redevenir le ciment de l'humanité si
celle-ci ne souhaite pas aller jusqu'à sa perte.
En attendant cet âge d'or, il y a une réalité que
chacun peut constater, c'est que cette langue fonctionne car :
Quand des hommes et des femmes parlent en espéranto,
s'ils représentent dix nationalités autour de la table,
personne n'est exclu, tout le monde rit en même temps. Chacun
est à l'aise :
C'est cela l'Espéranto.
Est-ce pour autant la perfection ? Non, c'est une langue régulière
et qui a su évoluer parce que son génial inventeur en
a abandonné la propriété à la communauté
humaine.
L'Espéranto réussira-t-il à être reconnu
à sa vrai place ?
Sans doute faudra-t-il attendre encore, attendre que le concept d'état-nation
hérité de la Révolution Française ait volé
en éclats et ait laissé place à une communauté
de peuples désireux de vivre en harmonie, pour préserver
cette petite planète bleue toute fragile, qu'un jour les hommes
se mettrons à aimer et à respecter.
Ce jour là, il n'y aura plus de frontières terrestres
ni de frontières dans les esprits.
Un nouveau né ne sera plus écarté parce qu'il est
une petite fille, la prostitution des enfants n'existera plus, le tourisme
sexuel abandonné depuis longtemps relèvera d'une des maladies
infantiles de l'humanité, les femmes seront les égales
des hommes en droits, les richesses de la planète seront partagées
équitablement entre tous les hommes et une puissance fut-elle
la première du monde n'imposera plus sa loi au reste de l'humanité.
Celle-ci et ses relais préserveront la nature,et n'imposeront
plus à d'autres de déboiser des régions entières
pour rembourser des dettes qui depuis longtemps auront été
effacées.
Ce jour-là n'est pas encore arrivé mais il viendra. Patience,
tout est une question de temps. Nous sommes de plus en plus nombreux
à penser que c'est la seule issue pour les générations
à suivre et que nous devons protéger dès à
présent en leur assurant une existence digne sur une planète
héritée de nos ancêtres et que nous devrons à
notre tour leur transmettre. Nous sommes de plus en plus nombreux à
prendre conscience de notre rôle de citoyens du monde.
C'est
peut-être avec l'espéranto que nous transmettrons aux générations
futures les valeurs universelles de tolérance et de respect des
hommes vis-à-vis de leurs semblables.
Quelle entreprise enthousiasmante !
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